Soin, idéal et tragique : penser l’écart pour continuer à accompagner

Retour sur l’intervention de Rozenn Le Berre – Journée Régionale CSPHF 13 décembre 2024, Lille Grand Palais – Lien vers vidéo en bas de l’article

Dans une intervention aussi fine que percutante, Rozenn Le Berre, Docteure en philosophie, enseignante-chercheuse, maîtresse de conférence, a interrogé les idéaux portés par les soins palliatifs, leurs fonctions, leurs dérives et surtout les écarts avec la réalité du terrain.

Partant de son expérience de formatrice auprès de professionnels du soin, elle explore la tension entre l’idéal d’un accompagnement parfait (la « bonne mort ») et l’épaisseur du réel, fait de souffrance, de limites humaines et institutionnelles, de corps abîmés, de silences et d’impuissances.

« Apprendre à questionner l’idéal en soins palliatifs : enjeux et perspectives pour la rencontre d’un sujet« 

L’idéal en soin : moteur ou piège ?

Rozenn Le Berre nous rappelle que l’idéal est une construction mouvante, un cap précieux pour orienter le soin, mais aussi un filtre qui peut masquer, voire nier, les aspérités de la fin de vie.

“On voudrait la mort sous analgésie, entourée, sinon réconciliée. Mais toutes les morts ne sont pas heureuses”

Elle souligne avec lucidité, les risques d’un soin trop idéalisé, qui oublierait la violence de la mort, l’altérité irréductible du patient, ou qui ferait peser sur les soignants une injonction à « bien faire » toujours plus lourde. L’idéal, dit-elle, peut nous porter, mais aussi nous aveugler.

Soin, politique et tragique

Dans une approche éthique et politique, elle interroge aussi la manière dont nos institutions soutiennent -ou non- les conditions du prendre soin. Le soin n’est pas seulement relation, il est porté par des structures et les professionnels ne peuvent pas seuls, compenser les failles d’un système.

« Le soin est politique. Le politique est aussi une forme de soin. »

Rozenn Le Berre appelle à faire de l’idéal, non un refuge, mais un point de tension fertile : celui qui pousse à réfléchir, à dire, à nommer ce qui ne va pas, à se maintenir dans un effort tragique de continuer à faire du bien, mais sans solution parfaite.


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